#Réel

 


« Alors on se dit qu’on va commencer à l’escalader quand on va être prêts, quand on va s’en sentir capables... Et finalement, on ne le fait jamais. »

- Myriam Plante 

Ne rien faire. Cette peur parmi toutes les autres qui me guette, m’approche et m’envahit. L’inconfort de recommencer, cette fois encore, souhaitant des résultats, une ligne d’arrivée. La fin de la ligne d’horizon se fait attendre, l’immobilité me capture encore et encore, jusqu’à ce qu’en mon for intérieur j’hurle toute ma détresse au monde, qui demeure muet.

La douleur la plus vive est celle d’attendre dans le néant, être incapable de vivre un rêve, incapable d’approcher du tangible, d’espérer le changement et mille fois éprouvées l’insatisfaction de la réalité sur le fantasmé.

Mais poétiser ma crainte ne changera pas mon obligation à faire des choix et de les décider rapidement. L’écriture reste une rêverie jusqu’au moment où on souhaite le partager avec le monde. Le rêve se complexifie alors et se codifie.

Votre rêve demeure une œuvre personnelle et intime jusqu’à ce que la réalité, celle du produit et de la vente renversent les idées préconçues, rattrape nos esprits artistiques. Des réflexions doivent avoir lieu, des processus doivent être mis en place, vous devez libérer de l’espace, déployer de l’énergie, comprendre ce que le marché veut et ne veut pas. L’histoire d’amour entre Tristan et Iseult est soudainement moins séduisante pour son lectorat, sachant les heures et la souffrance qu’aurait pu endurer son auteur.

Tenez-le-vous pour dit, écrire n’est pas un acte désinvolte et glamour.

Écrire c’est un lien oublié entre l’humain et la technologie. Deux choses auxquelles je vous invite à vous méfier…

Voilà quelques années que je cherche l’équilibre dans mes projets, dans mon système d’écriture, dans mes prises de décisions. Pendant ces mois, longs et difficiles, je n’écris pas. Quand je fais la mise en page, que je corrige, que je pense à comment fonctionne ce foutu Amazon, je n’écris pas. Pour ceux et celles que les battements de cœur s’accélèrent lorsqu’ils s’éloignent de leur passion, savent pertinemment, que de ne pas écrire n’est pas une option. C’est vital autant que de respirer.

Pourquoi je vous dis tout cela? Cet article me permet de figer dans le temps une longue réflexion sur l’équilibre. L’équilibre demande à l’occasion de reculer. Oui, c’est chiant. Anaël Verdier nous renvoie à notre conscience quand on écrit, de l’importance de poser les bases de notre pratique. Il est important d’avancer par le plaisir et le jeu, tout en gardant une antenne dressée pour s’observer dans notre progression. Ensuite, cette observation permet de créer un système qui nous convient. Il y a un moment déjà que je n’avance plus rien et que je suis immobile. 

Quand je vous dis qu’il faut reculer que l’équilibre, demande à l’occasion de reculer. Aujourd’hui, j’ai mené une bataille contre la technologie. Tant d’effort déployer depuis toutes ses années, sans aucune souplesse et une impression de refaire, toujours et encore…. La technologie sert l’humain, ça ne devrait jamais être l’inverse.

J’ai fait le choix de passer de Wordpress à Wix, de partir de zéro mon site web et ne plus faire des choix esthétiques, mais prendre des décisions qui me font gagner du temps. Vivre de la simplicité, dans ma vie, comme dans mes projets. Ce temps sera converti plus intelligemment dans mes séances d’écriture et mon besoin d’apprendre mieux mon métier d’écrivaine.

L’attachement, c’est ce que j’ai ressenti, comme un (e) écrivain (e) se séparant de son manuscrit qui vivra la vie de l’édition.

Comme n’importe quoi, même si une décision est prise, il faut mettre en place le système. Dans mon exemple, il ne suffit pas de déconnecter mon site web pour reconnecter le prochain sans analyse préalable, sans rechercher comment transposer la simplicité que je souhaite, sans définir ma ligne éditoriale. La réflexion débute à peine.

  • Qu’est-ce que je garde?
  • Qu’est-ce que j’abandonne?
  •   Qu’est-ce que je veux ressentir?
  • Pourquoi est-ce important pour moi?
  • Quels sont mes besoins?

C’est correct de se tromper. C’est correct d’arrêter ce qui ne nous rend pas heureux (se). C’est correct de recommencer et de faire autrement. 

Est-ce qu'on tire une pousse pour qu'elle grandisse plus vite? Le réel nous apprend que des combats sont inutiles, d'autres doivent être menés, que l'équilibre peut être aussi simple que de donner une bonne terre à nos rêves et de les arroser avec douceur...



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