Ces histoires qui nous transcendent

 



Est-ce que cela vous arrive d’avoir de la misère à terminer une histoire ?

Je veux dire, par la lourdeur de la tâche : la ronde des corrections qui ne se terminent pas, des pages blanches, un sujet auquel on tien trop peu ou par malheur pourrait dire certain, qui nous tien trop à cœur ?

Voilà des semaines que je peine à écrire, que tout ce que je pense c’est ce prochain roman à publier. Ma guerre contre la correction. La dureté que j’ai envers moi-même pour traverser la ligne d’arrivée. Ce roman qui me rappelle des décisions que j’ai prises avec mon ancienne maison d’édition. Est-ce qu’on peut ne plus aimer une histoire ? Ai-je le droit de l’abandonner ?

Il faut toutefois la terminer,  publier et passer à autre chose. Ce roman qu’on rejette est un projet inachevé. Ne remplissons pas nos tiroirs de projets inachevés. Ne restez pas avec une idée incomplète. Même si c’est moche et ennuyant, finissez.

J’ai encore cet autre roman. L’écriture est ardue. Je ne le finis pas, pas encore. Si peu de chapitre pour compléter ma pensée. Quand ? Je ne sais pas. Cette histoire  me fait mal. Il parle de suicide voyez-vous. Ce sujet m’indispose. Ce sujet est essentiel. Je l’extrais de mon corps comme un acte chirurgical, précis et froid. Il n’y a pas de second essai. Je ne me le permets pas. Trop en dire ou pas suffisamment. Trouver l’équilibre. M’émouvoir. Ébranler mes perceptions. Parler de la mort, en n’y voyant pas simplement une adversaire, mais une chose naturelle à ne pas craindre… Tout en gardant à distance l’abysse afin d’éviter de me perdre en chemin.

Il faut écrire sur ces démons qui nous hantent. Il faut leur permettre d’exister en dehors de nous afin leur dire, je ne te crains plus. Va. Pars. Fais ton bout de chemin et exorcises-en d’autres. Les histoires, les premières que les écrivains mettent sur papier sont spéciales, car toutes nos convictions sont mises à l’épreuve, tous nos mécanismes de sabotages apparaissent et ce que nous trouvions amusant devient difficile. Le plaisir fond comme une poupée de cire à qui on aurait mis le feu. Et on oublie la joie et nos rêves de grandeur. On oublie ce qui nous a menés vers l’écriture. C’est d’oublier cela qui est dangereux. Le pire c'est qu'avec le temps on a des outils, on s'améliore, que les craintes s'évaporent, mais nos histoires nous touchent toujours autant ! 

Il faut alors continuer, malgré la douleur, malgré les incertitudes, malgré les tempêtes que nous survolons. Écrire est une suite sans cesse de nouvelles fois. Mais le chemin, on le connait. Nous avons de meilleurs outils, on a reboucher nos ravins, on a créer des ponts entre les montagnes insurmontables. Nous sommes des athlètes prêts pour la prochaine course. 

Avant de plonger dans votre histoire, comme un scaphandrier il faut se souvenir de respirer, d'avoir ce lien avec l'air du dessus, une équipe qui vous remonte à tout moment. Rappelez-vous où est le fond pour savoir quand remonter à la surface pour revoir le soleil. Une histoire sombre, prenante, triste pourra vous envahir quelquefois ce qui fait de l’écrivain un être sensible qui s’adonne bien à son art. Mais il ne faut pas renier ce côté plaisant, enfantin, innocent, joyeux et puissant des sentiments bons que votre histoire ou vous-mêmes aurez besoin au moment d’écrire. L’histoire peut ressemblée à la vôtre, mais elle n’est pas vous. Vous vous doublez pour vous mouvez dans la fiction, réussir des actes manquées.  Élisabeth Gilbert dans son livre comme par magie parle de cette force positive qui l’habite et de l’importance d’en prendre soin dans l’écriture. 

Entourez-vous d'ouvrage qui vous aident à vous connecter autrement. Qui vous aident vraiment à parfois lâcher prise...

Alors prenez soin de vous. Continuez d’écrire, de nous faire vibrer. Rappelez-vous la lumière quand vous serez dans les profondeurs de votre âme. Que l'écrivain n'est qu'un témoin de la scène et il peut bien aller se prendre un thé pour se reposer, prendre l'air, remonter à la surface. 




Commentaires