Cela fait cinq déménagements que je subis. Que je me fais subir, en fait. Je vous garantis que
plusieurs items ont pris le bord depuis. J’ai fait un grand ménage. J'ai
diminué la quantité de stock. Perdre ta laveuse et ta sécheuse, ça ne te
fait pas quelque chose ? Non. J’ai eu un peu d’argent. J’ai un poids en
moins. Une amie en profite. Ce sont des électroménagers de qualité. Ça me rend
heureuse. C’est tout ? Oui, c’est tout.
Quand je déménageais la première fois, j’avais peur de perdre. De perdre
des biens matériels, également de la proximité avec les gens, de la complicité,
autre chose aussi que j’ai oublié leur sens aujourd’hui... Après cinq déménagements,
tout devient un peu relatif tout ça. J’ai appris ( et j’apprends encore) ce qui
compte vraiment.
L’essentiel est dans les livres ! Et je n’ai pas chialé une seule fois
en déplaçant mes plus de mille livres ( je ne vous dis pas le chiffre exact
vous aurez une autre image de moi sinon !). Les meubles que j’ai laissés en chemin ne me
servaient plus à rien et comme la méthode Konmari l’apprend, je les ai remerciés
de leur présence dans ma vie et je leur ai dit au revoir. C’était doux et
c’était ma façon de me séparer des choses auxquelles parfois, j’aurai pu rester
accrocher. Mis à part les livres qui sont ma plus grande richesse matérielle, aujourd’hui,
je pose un regard différent sur mes biens.
J’ai surtout appris qu’en partant pour une autre destination, on ne se
quitte jamais. J’ai beau quitter un lieu, mon passé me rattrape. J’ai beau me
dire qu’ici c’est mieux, meilleur, affranchis de… ce l’est rarement. Sauf quand
mes choix changent. Sauf quand je me redéfinis en tant que personne et non en
tant que propriétaire de. Je m’accompagne où je vais. C’est inévitable. Pour le reste, ce n’est
que poussière.
J’ai appris que j’avais besoin de solitude. J’ai appris que je n’accepte
plus de négatif ni de chicane sous mon toit. Je n’accepte pas les gens qui me
manipulent, qui crachent leur bêtise. Je n’accepte plus les personnes fausses.
J’ai appris que j’ai besoin de ma présence féline. Mon chat, il me fait
du bien et ce n’est plus une option.
J’ai appris que je savais me débrouiller (pour la bouffe on repasse hein
!). Quand on réussit, on accepte avec humilité que la persévérance nous sert
bien au bout du chemin. Quand on échoue, on apprend à en rire. De toute façon,
ça ne concerne que vous, pas les autres, n'est-ce pas ?
J’ai appris à être moi, à me côtoyer sans feux d’artifice, dans mes bons
moments comme dans mes airs bêtes.
Tout ça, c’est moi.
Je ne peux pas le quitter, peu importe l’endroit vers lequel je fuis. Je
ne peux pas me quitter.
L’écriture n’est pas bien différente, c’est notre monde qu’on crée, avec
ses plus grandes réussites et ses plus assourdissantes défaites. Il arrive
qu'on s'y perde à l'occasion. Et l’écriture nous suivra même si on déménage,
même si on arrache les pages, même si on les publie. Comme on apprend sur notre
art, on le fait pour nous-mêmes dans la nouveauté et les redémarrages.
Je ne vous cacherais pas la vérité, car dans les deux sphères, votre
existence et l’écriture, il vous faudra être patient et que croire que demain
sera encore meilleur. La foi en votre capacité de continuer malgré tout est incontournable.
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